Article de Françoise Odolant, responsable du pôle Acheteurs,
Charte et Label des Relations inter-entreprises.
Les patrons de PME se disent parfois que si l'acheteur a été si dur,
c'est qu'il doit en tirer un avantage personnel à la hauteur du mal
qu’il inflige. L'article 10 de la Charte des relations
inter-entreprises répond en partie à cette crainte légitime qu’éprouvent
les fournisseurs et fixe le cadre des comportements individuels des
acheteurs à respecter. L’article 10 engage les directions
achats à ce que leurs équipes ne gagnent pas de bonus (comme, par
exemple, les traders dans le secteur de la finance) au prorata des
montants d'économies qu'ils auraient apportés à leur entreprise.
Le bon acheteur: quels critères d'évaluation?
Dans
la pratique, étant donné que toutes les organisations ne prévoient pas
d'attribuer des bonus aux acheteurs, l'article 10 de la Charte des
relations inter-entreprises permet de se référer au système d'évaluation
de la performance : qu'appelle-t-on un bon acheteur? Celui qui est un
“hard negociator”? Celui qui “étrille” la marge des fournisseurs? Ou
bien celui qui stimule son marché fournisseur, installe un climat de
confiance et d'exigence, veille à la création de valeur pour son
entreprise, considère les fournisseurs comme autant de ressources
extérieures à motiver pour collaborer de manière durable, innover,
générer des avantages concurrentiels et gagner les marchés?
La bonne feuille de route d'un service achats
Tous
ces objectifs liés aux achats responsables doivent être intégrés dans
les feuilles de route des équipes achats et il faut veiller à ce que les
autres fonctions soient également concernées et solidaires.
L'article 10 exclue explicitement la rémunération des cabinets
extérieurs exclusivement aux success fees, soit 100% de rémunération
variable proportionnelle aux économies identifiées. Les effets pervers
de ce mode de rémunération ont souvent été observés: l'appât du gain
conduit à mener des négociations très dures avec les fournisseurs ou à
des ruptures brutales de relations d'affaires avec des fournisseurs
historiques qui ne s'alignent pas sur les offres des nouveaux entrants.
Cela peut conduire également à prendre des risques vis-à-vis de la
qualité, à privilégier le court terme sans veiller à la motivation des
fournisseurs sur le moyen à long terme… Et au final, sacrifie des
acteurs du marché sans garantir au client sa satisfaction sur la durée.
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